mercredi 15 décembre 2010

vendredi 10 décembre 2010

Planant sur les ailes du Tao

Croissance et déclin, vie et mort,
qui sait quand adviendront ?
Imposant et mystérieux,
qui peut mesurer sa perfection ?
Malheur sur bonheur prend appui,
bonheur du malheur surgit.


Malheur et bonheur
brins de fils entrecroisés,
confus et emmêlés,
en une pelote compacte,
tantôt unis, tantôt dissociés,
quel est le principe qui les meut ?
Vagues et brumeux,
seul le saint en déchiffre le sens.
Coulant, se mouvant, se déplaçant,
glissant sans repos ni trêve,
chaque fin est un début,
qui peut en connaître le terme ?

Extrait du Ho-Kouan-Tseu, intitulé ultérieurement "Précis de Domination", attribué au "Maître à la crête de faisan", dynastie Han (vers le IIe siècle av. J.C).

Editions Allia, Paris, 2008.

mercredi 8 décembre 2010

A ne pas manquer, la

  
  
collection de timbres anciens que j'ai transmise à Kim Joony, un ami Sud-Coréen rencontré en Chine et qui est l'un des derniers collectionneurs de cette planète (qui va bientôt oublier ce qu'est le courrier postal):
  

lundi 6 décembre 2010

Herinnering aan Holland

  
       
Denkend aan Holland
zie ik breede rivieren
traag door oneindig
laagland gaan,
rijen ondenkbaar
ijle populieren
als hooge pluimen
aan den einder staan;
en in de geweldige
ruimte verzonken
de boerderijen
verspreid door het land,
boomgroepen, dorpen,
geknotte torens,
kerken en olmen
in een grootsch verband.
De lucht hangt er laag
en de zon wordt er langzaam
in grijze veelkleurige
dampen gesmoord,
en in alle gewesten
wordt de stem van het water
met zijn eeuwige rampen
gevreesd en gehoord.

Hendrik Marsman, 1936.


Heemstede, 2006.
   

jeudi 2 décembre 2010

Celui qui a dit....

    
..."Le chemin du Sichuan est plus difficile que de monter au ciel" (蜀道难于上青天), ferait  bien de prendre l'autoroute comme tout le monde.
    
Mais, Ambre me fait observer que le deuxième signe depuis la gauche est aussi celui du Dào (la Voie) de Laozi et de Zhuangzi; ce qui pourrait signifier qu'au Sichuan, il suffit de sortir de l'autoroute pour trouver la Voie ?
     
La piste de gauche conduit à Leshan et celle du centre (la Voie du Milieu?), à Emei; et voici ce que l'on trouve à Leshan et à Emei, tout le reste dépend de ce choix:
      
Leshan
    

Emei
   
 

Les signes de l'empire

    
L'écriture chinoise peut être assimilée à un système de rébus, chaque signe graphique (considéré à tort comme "caractère") représentant un symbole ou un emblème; il ne s'agit en aucun cas de dessins figuratifs, mais de simples traits dus à une série de mouvements effectuant une classification.
  

(*)

Cette forme d'écriture cherche à communiquer  l'action, à inspirer des conduites à des individus faisant partie d'un même système de civilisation, étiqueté, hiérarchisé;  elle ne peut formuler directement ni concept, ni théorie, mais donne uniquement  la référence de ceux et celles qui sont déjà inscrits dans la conscience collective. Les mots, tels qu'ils se présentent, portent en eux la capacité de solliciter et de contraindre l'imagination par des approches sémantiques plus ou moins serrées, sans jamais décrire formellement ce que chacun connaît déjà. C'est ensuite au style et à la rythmique de remplir une fonction poétique complémentaire, destinée "à faire sortir un surplus d'interprétation"  (cf. billet du 17.09.10 à propos d'Umberto Ecco).

(*) Alors qu'on pourrait imaginer voir les silhouettes de danseuses façon Degas, il faut tout prosaïquement lire le mot "bàn bàn le le" signifiant "incomplet, inachevé".
    
Source: "La Pensée chinoise", Marcel Granet.

mardi 30 novembre 2010

Cuisine campagnarde au Sichuan

     
Tofu

Porc mariné dans la sauce soja


Anguilles de rizières

Comprendre l'impossible est possible ?

  
"On constatera que des traits bien accusés caractérisent la pensée chinoise. Elle est orientée vers la culture et non vers la pure connaissance ; elle tend à la sagesse et non à la science. Elle relie l’homme à l’univers, car la nature ne forme qu’un seul règne. Il faut insister sur ce sentiment intime de l’unité du monde. Les Chinois ne songent pas à opposer le sujet et l’objet ; ils les relient. Dans cette pensée, rien ne répond à notre rationalisme, et encore moins à notre criticisme. L’ordre unique qui préside à la vie universelle se réalise concrètement par l’Entente mais ne s’exprime pas abstraitement par la Loi. La sagesse des hommes et l’ordre de la nature sont en harmonie ; la société et l’univers forment un système de civilisation." 
[…] 
"Veut-on un exemple des constatations de l’auteur? "Insistant sur le fait que les Chinois ne subissent volontiers aucune contrainte, même simplement dogmatique, je me bornerai à caractériser l’esprit des mœurs chinoises par la formule : ni Dieu ni Loi. La sagesse chinoise est une sagesse indépendante et tout humaine. Elle ne doit rien à l’aide de Dieu. Or, il faut songer que les Chinois ont conquis à leur mœurs, à leurs arts, à leur écriture, à leur sagesse, l’Extrême-Orient tout entier. Dans tout l’Extrême-Orient, de nos jours encore, aucun peuple, qu’il paraisse déchu ou qu’il s’enorgueillisse d’une puissance neuve, n’oserait renier la civilisation chinoise.""

Présentation de l’ouvrage de Marcel Granet, "La Pensée chinoise", Editions Albin Michel, Paris, réédition du 15 mars 1988 dans la Collection "Evolution de l'Humanité" (éditions originales: 1934 et 1968).

jeudi 25 novembre 2010

La face cachée enfin révélée

  

Le Hanzi (*) pour les Nuls

  
Liste des 1'000 premiers caractères les plus utilisés, par ordre décroissant. Cela ne représente toutefois qu'une petite partie (9%) du contenu de la dixième édition (2004) du dictionnaire Xīnhuá Zìdiǎn (nouveau dictionnaire des caractères chinois), qui en totalise 11'200.

On estime que, depuis l'invention de l'écriture chinoise il y a plus de 4'000 ans, le nombre total de caractères utilisés au cours des siècles devrait s'élever entre 40'000 et 60'000. Mais, près des 3/4 ont disparu ou ont été simplifiés. Pour dire que l'on est capable de lire couramment le chinois, il faudrait en connaître 3'000 à 5'000 (et, bien évidemment, leur signification isolément ou en groupes).

Quant à la prononciation, c'est une toute autre histoire...
 





(*) écriture chinoise, du mandarin "hànzì" (traditionnel 漢字, simplifié 汉字) soit: "écriture des Han", du nom de l'ethnie majoritaire.

mercredi 24 novembre 2010

Moitié de panda

 

Chaos, Dao, Entropie et compagnie

    
"La deuxière loi de la thermodynamique est une mauvaise nouvelle scientifique qui s'est trouvée grandement vérifiée dans la culture non scientifique. Tout tend vers le désordre. Tout processus convertissant de l'énergie d'une forme en une autre perd obligatoirement une partie sous forme de chaleur. L'efficacité parfaite est impossible. L'Univers est une rue à sens unique. L'entropie doit toujours augmenter dans l'Univers et dans tout système isolé qu'il pourrait contenir. Quelle que soit sa formulation, cette deuxième loi semble incontestable. Elle est vraie en thermodynamique. Mais elle a également régné sur des domaine très éloignés de la science: elle fut tenue pour responsable de la désagrégation des sociétés, du déclin économique, de la corruption des moeurs, et de nombreuses autres variantes sur le thème de la décadence. Ces interprétations imagées et secondaires de la deuxième loi apparaissent aujourd'hui singulièrement peu judicieuses. La complexité prolifère dans notre monde, et ceux qui se tournent vers la science pour avoir une compréhension globale des habitudes de la nature tireront désormais un meilleur profit des lois du chaos.

  
  (*)

A mesure que l'Univers reflue vers son état d'équilibre, s'enfonçant dans un bain de chaleur indifférencié d'entropie maximale, il s'arrange malgré tout pour créer des structures intéressantes. Des physiciens sérieux s'interrogeant sur les conséquences de la thermodynamique réalisent combien est troublante la question de savoir, comme l'a dit l'un d'eux: "comment un flux d'énergie qui s'écoule sans but peut-il répandre la vie et la conscience dans le monde ?". En outre, ce trouble s'accroît du fait de l'existence de l'entropie, une notion insaisissable, raisonnablement bien définie - en termes de chaleur et de température - pour les besoins de la thermodynamique, mais diaboliquement difficile à cerner en tant que mesure du désordre. Les physiciens ont quelques problèmes pour mesurer le degré d'ordre dans l'eau - par exemple, lors de la congélation, où l'apparition de structures cristallines s'accompagne en permanence d'une libération d'énergie. Mais l'entropie thermodynamique échoue lamentablement à mesurer le degré de changement du formé et de l'informe lors de la création des acides aminés, des micro-organismes, des plantes et des animaux autoreproducteurs, des systèmes d'information complexes comme le cerveau. Si des îlots d'ordre en évolution obéissent certainement à la deuxième loi de la thermodynamique, les lois importantes créatrices, se situent ailleurs."

James Gleick, "La théorie du chaos / vers une nouvelle science", traduction Christian Jeanmougin, Flammarion / Champs, 1991.

(*) "Dans la cosmologie chinoise, le qì (气, souffle), ou énergie vitale (元气, yuánqì énergie vitale, mot-à-mot souffle primordial), précède la scission binaire du yin et du yang, elle-même à l'origine des dix-mille êtres (万物, wànwù), c'est-à-dire tous les êtres, et indirectement les choses, qui composent le monde. Car dans la pensée chinoise, le qì est à l'œuvre dans les règnes vivants, mais aussi dans le règne minéral : les nervures du jade, en particulier, sont considérées comme inter-agissant avec les veines du corps humain." (Wikipedia)
     

mardi 23 novembre 2010

Pu Songling / 蒲松齡 / 1640-1715

  
Il y avait au Xiangxi un taoïste de la Secte du Lotus Blanc; son nom est tombé dans l'oubli. Sans doute était-ce un disciple de Siu Hongju. Il abusait les gens par ses maléfices, mais, de ceux qui admiraient son art, beaucoup s'étaient mis à son école.
Un jour, sur le point de partir en voyage, il installa dans sa grande salle une cuvette qu'il recouvrit par une autre. Puis il recommanda à un de ses disciples d'en assurer la garde sans rien soulever pour regarder. Cependant, après son départ, le disciple souleva la cuvette du dessus et vit que celle du dessous était remplie d'une eau claire sur laquelle flottait une petite barque de paille tressée, avec sa voile et son mât. Plein de curiosité, il s'amusa à la toucher avec le doigt, mais la main la renversa. Alors, il se hâta de la relever et de recouvrir la cuvette.
Le maître revint et, fort irrité, reprocha au disciple de lui avoir désobéi; mais lorsque celui-ci se dressa pour se défendre, il s'écria: "Mon bateau a chaviré en pleine mer: comment penses-tu pouvoir me tromper !".
     

...
Le taoïste de la Secte du Lotus Blanc,
traduction de Mme Guillermaz et M. Hervouet.

lundi 22 novembre 2010

Jinsha / 金沙

   
Le site archéologique de Jinsha a été découvert incidemment en 2001, lors des travaux de construction d'une route au nord de Chengdu (capitale du Sichuan). Un gisement d'une grande richesse a ainsi été mis à jour, permettant le réveil d'une civilisation restée longtemps mystérieuse, celle du royaume de Shu, qui a occupé les lieux à la fin de la dynastie Shang et pendant celle des Zhou de l'Ouest (fin de l'Age du Bronze chinois). Les vestiges du site de Jinsha sont datés entre 1'000 av. J.-C et 600 av. J.-C. et rien ne permet d'expliquer ce qui a pu provoquer le déclin ou la fin de cette civilisation. On y a trouvé des objets en ivoire, jade, bronze, or, des pierres sculptées et toutes sortes d'ornements, parures ou objets rituels religieux raffinés et de conception particulièrement élaborée.

Lien en français:
http://www.chinatoday.com.cn/lachine/2007/0705/p12.htm

Links in english:
http://www.jinshasitemuseum.com/homee.asp
http://www.chinaculture.org/gb/en_chinaway/2006-10/18/content_87105.htm
http://china.org.cn/english/culture/206053.htm
http://www.megalithic.co.uk/article.php?sid=23497&mode=thread&order=0&thold=0

Les Oiseaux-Soleil, symbole cosmogonique
d'or pur devenu emblème de la ville de Chengdu.


Terre de contrastes

  

mercredi 17 novembre 2010

Quand il pleut au Sichuan,

    
on regarde par la fenêtre et on prend une photo au hasard droit devant, pour rien. Ensuite on essaie d'en tirer le meilleur parti, par sentimentalisme, au lieu de l'effacer.
    
Vue aérienne du bâtiment d'où la photo a été prise, avec orientation dans le paysage. 
V


Localisation de l'événement par rapport à la ville de Ya'an. V
  
Situation de la ville de Ya'an dans la province du Sichuan. 
V


jeudi 4 novembre 2010

En passant par Shangri-La

    
Pour l’aventurier qui aime les terrains difficiles et les populations farouches, l’Asie centrale est un salon de jeux idéal. Mais au baroudeur en pantoufles, je conseillerais plutôt de s’installer confortablement devant son écran, une tasse de thé et quelques biscuits à portée de main, et d’activer la recherche de Google Earth en tapant: Hassan Abdal, Pakistan. Une expérience des plus fortes qu’il puisse imaginer va alors débuter: la traversée du massif du Karakoram (en Solex ou en 4x4, c’est au choix et c'est virtuel). La route N35, appelée ironiquement Karakoram Highway débute au nord de la localité d’Hassan Abdal, pour sinuer dans des vallées étroites bordées de sommets étagés entre 4'000 et 6'000 mètres.

La Vallée des Hunzas, entre autres, dont on dit qu’ils descendraient de rescapés de l’armée d’Alexandre le Grand. C’est romantique, tout le monde aime. Des histoires de Romains égarés circulent aussi en Chine, pour expliquer la présence de restes humains très anciens de type européen, que l’on retrouve régulièrement dans le nord-ouest du pays. Je pense pour ma part qu’il s’agit probablement de Scythes (plus vieille civilisation de la planète, selon Hérodote), ou de leurs cousins Thokariens (1) ou Yuezhis (1), réfugiés dans ces vallées sous la pression de l'envahisseur Xiongnu (Huns).

 La fameuse route et des slogans en l'honneur du 50e anniversaire de
la nomination de l'Aga Khan IV en qualité de Chef spirituel
des Ismaéliens (en visite dans la région).

C’est aussi dans cette banlieue de l’antimonde que James Hilton a bâti son Shangri-La (2): "From a colonnade steps descended to a garden, in which a lotus pool lay entrapped, the leaves so closely set that they gave an impression of a floor of moist green tiles. Fringing the pool were posed a brazen menagerie of lions, dragons, and unicorns, each offering a stylized ferocity that emphasized rather than offended the surrounding peace. The whole picture was so perfectly proportioned that the eye was entirely unhastened from one part to another; there was no vying or vanity, and even the summit of Karakal, peerless above the blue tiled roofs, seemed to have surrendered within the framework of an exquisite artistry". Je note au passage que si tous les Etats de la région prétendent abriter le vrai Shangri-La, devenu mythe universel, les autorités chinoises réfutent qu’on puisse le trouver au Xizang (Tibet); mais au Yunnan peut-être, et ceci pour des raisons de commodité touristique.

Une vallée succède à une autre vallée, sertie d’une couronne minérale s’élevant toujours plus haut, jusqu’aux neiges éternelles. L’itinéraire fait 700 km à vol d’oiseau, mais il faut compter le double avec les détours interminables suivant le cours de torrents turbulents ou aussi déprimés que le voyageur prisonnier du labyrinthe de pierre. A un moment où l’on en vient à penser que mourir dans cette solitude que le soleil effleure à peine doit encore être plus doux que poursuivre indéfiniment la route, à 4'700 m. d’altitude, le souffle court et les pensées confuses, on se retrouve devant le poste frontière chinois. Y a-t-il au monde un être humain suffisamment résistant, devrait-il ne pas être Chinois, pour occuper une quelconque tâche administrative dans un environnement aussi hostile ?

Une fois les formalités accomplies (elles doivent impérativement l’être en bon ordre, car il est exclu de devoir retourner au point de départ pour un document oublié), on prend la route nationale N 207 à travers des régions où les frontières sont âprement disputées entre le Pakistan, l’Inde et la Chine, une situation née de l’effondrement de l’Empire britannique en 1947. Le paysage lunaire de l’ouest tibétain vaut-il mieux que le décor martien du bassin du Tarim qui attend à Kaxgar, sur le tronçon sud de la Route de la soie, en bordure de l'impitoyable Taklamakan ?

Vous avez voulu des émotions sur Internet - c'est parfois plus dur qu'on ne le pense - et vous êtes satisfaits d’en être si bien sortis (la ration de biscuits est épuisée et le thé, froid). Mais si vous voulez tenter l’aventure dans la réalité de la réalité, oubliez que j’ai pu écrire ces lignes: je rejette toute responsabilité auprès de vos héritiers sur ce qui pourrait vous arriver. 

1) voir les articles de Wikipedia sur ces peuples oubliés d'un monde disparu.   
2) James Hilton, "Lost Horizon", Simon & Schuster Inc., New York, 1939.

mardi 2 novembre 2010

La muraille de tous les fantasmes

   

Un astronaute américain a dit un jour que la seule construction humaine visible de l'espace est la Grande Muraille de Chine.
La photo ci-dessous, prise à moins de 2 km d'altitude, permet de comparer l'emprise de la Grande Muraille, d'une ligne de trains et d'une autoroute sur un même terrain de 900 m2. Que reste-t-il alors de visible depuis une navette spatiale en orbite à 392 km ?

lundi 1 novembre 2010

Le ver qui devient plante

 
Elle m’avait raconté à deux occasions une histoire d’insecte qui se transforme en plante, mais connaissant le goût des Chinois pour le merveilleux, je l’avais remisée dans un coin de mon crâne sans plus y porter d’attention.

Mais un monde en marche perpétuelle ne peut laisser de telles prodiges ignorés. Au 15e siècle, la science médicinale répertorie pour la première fois cette "chose" aux propriétés déjà connues depuis au moins mille ans dans sa région d’origine, le plateau tibétain. Aux 17e et 18e siècles, elle fait partie intégrante de tout bon compendium de médecine traditionnelle chinoise. Objet de nombreuses études scientifiques internationale ces dernières décennies, on peut dès lors lui reconnaître officiellement les vertus qui on fait sa célébrité thérapeutique et commerciale (en 2008, la substance pouvait atteindre de 3'000 USD à 18'000 USD le kilo selon la qualité) : stimulant sexuel, régénérateur du foie et antioxydant protégeant des effets du vieillissement. C'est plus que magique, c'est tout naturel...
   
De quoi s’agit-il enfin ? Tout simplement de spores de champignons ayant envahi le corps de larves de chenilles jaunes et qui s’y développent tout en s’en nourrissant jusqu’à la mort de l’insecte. Cordyceps sinensis cela s’appelle pour les uns, ou 冬虫夏草 pour les autres (soit "ver en hiver, qui devient plante en été").

vendredi 29 octobre 2010

  

Péril jaune comme un coing

 
"Aussitôt après la déclaration de la guerre [guerre Russo-Japonaise, 1904-1905], en Russie naturellement, mais aussi en France, en Belgique, surtout en Allemagne, on invoqua le "péril jaune", la lutte des races: Blancs contre Jaunes, civilisés contre barbares, chrétiens contre païens. C'était la philosophie des dessins de Guillaume II: l'archange Michel, glaive levé, menaçant les Jaunes; c'était aussi la philosophie de ses propos sur les États-Unis d'Europe croisés contre la Barbarie. Après Liao-Yang, après Moukden, confusément on se représentait le monde jaune — Coréens, Siamois, Annamites, Chinois, conduits par le Japon — tombant sur les Blancs; ce serait une catastrophe soudaine, irrémédiable, à laquelle il faudrait se résigner: une digue qui se rompt, un flot jaunâtre recouvrant d'un coup notre civilisation toute blanche.

Il est curieux que nous continuions de nous représenter l'Asie et ses hordes avec les mêmes mots et les mêmes images qu'employaient au XIIIe siècle les contemporains de saint Louis qui entendirent parler des Mongols ou qui les virent. Nos idées sur le péril jaune datent de six siècles et demi. Quand les Mongols débouchèrent sur le Don, Polonais, Allemands, Hongrois les croyaient innombrables, tant la terreur qu'ils inspiraient était grande. En moins de trente jours, ils conquirent la Pologne et la Silésie, depuis la Vistule jusqu'à l'Oder et aux Marches de Saxe; on les vit sur l'Adriatique; ils occupaient la Hongrie quand ils refluèrent sur l'Asie. L'Europe, très bien espionnée par les Mongols, les ignorait presque et n'avait pas prévu leur avance. "Dans cette curieuse invasion des barbares, a-t-on pu dire, les vrais barbares ne sont pas les envahisseurs orientaux, mais les occidentaux envahis" (L. Gahun. Introduction à l'Histoire de l'Asie). La formule est aussi vraie de la guerre qui s'achève.

L'Europe continentale est restée sur le souvenir de l'Asie de Gengis Khan, unifiée, organisée pour de grandes expéditions. D'où vient cet anachronisme? C'est que, depuis le XIIIe siècle, les communications par terre, jadis actives, entre l'Europe et l'Asie orientale, furent rompues. L'empereur mongol résidant à Pékin, la sûreté des deux grandes routes ne fut plus assurée: celle du Pé-Lou (Pentapole) [Beilu = route du nord] était interceptée sans cesse par des révoltes, celle du Nan-Lou (Hexapole) [Nanlu = route du sud] fut à la discrétion des sultans de Transoxiane [région d'Asie centrale occupant l'Ouzbékistan et une partie du Kazakhstan] autonomes; puis l'Islam s'interposa comme un écran entre l'Orient bouddhique et l'Europe chrétienne; les Turcs enfin bouchèrent les routes de terre, et aussi la route de l'Euphrate qui ouvrait la route de mer jusqu'à Canton. Ainsi séparés, les deux mondes pendant des siècles s'ignorèrent; les rapports par mer depuis un demi-siècle, depuis les guerres de 1840 et 1860 [les deux guerres de l'opium], n'ont pas suffi pour rendre familières à l'Europe les choses d'Extrême-Orient, pour changer les mots et les images qu'évoque le péril jaune."

Louis Aubert, "Paix japonaise", édition Librairie Armand Colin, Paris, 1906.

mardi 26 octobre 2010

Les magouilles, la politique et le bien public: question universelle

    
Le Parlement chinois a commencé sa quatrième lecture d’un projet de loi visant à empêcher l’utilisation impropre des fonds de Sécurité Sociale. Ceux-ci ne pourront plus servir à couvrir des déficits budgétaires, construire ou rénover des locaux ou payer les dépenses régulières des agences des gouvernements (il faut comprendre : les gouvernements des provinces et ceux des entités municipales spéciales).
Un premier projet de loi avait été soumis au Parlement en 2007, à la suite d’un scandale retentissant impliquant des hauts fonctionnaires de la ville de Shanghai, et leurs partenaires en corruption à la tête d’entreprises d’Etat de la région, qui ont avancé l’équivalent de 500 millions de dollars US puisés dans les caisses de la Sécurité Sociale, à une société privée d’investissements immobiliers à caractère spéculatif.

"Radio Couloirs" présente trois versions de l’affaire :
                 
cette offensive est un épisode du bras-de-fer entre Hu Jintao (Président en exercice) et la Clique de Shanghai restée fidèle à Jiang Zemin (ancien Président) - (20% favorables) ;
il s’agit d’un échange d’amabilités entre Wen Jiabao (Premier Ministre en exercice) et Chen Liangyu (Chef du Parti Communiste de Shanghai et Maire de la ville), qui s’étaient déjà violemment disputés à Beijing lors d’une séance budgétaire, alors que le dernier prenait soudain conscience que la manne céleste ne tomberait désormais plus sur Shanghai comme cela avait été le cas sous la présidence de Jiang Zemin - (30% favorables) ;
Chen Liangyu et son clan sont les champions de la corruption tous azimuts (d'ailleurs, Chen a une vie privée scandaleuse) : il n’a pas supporté de voir la source se tarir et s’est lancé dans une magouille à la hauteur des ambitions de Shanghai, pour soutenir le prestige de la cité et assurer les retombées que lui et ses commensaux pouvaient en attendre (se disant toutefois que, si l’affaire devait mal tourner, le public croirait que c’est à cause des points 1 et 2) - (50% favorables).

La Banque Industrielle et Commerciale de Chine est venue à la rescousse des Caisse de retraites victimes du délit, alors qu’un ou deux malfaisants parmi les plus affreux étaient condamnés à mort (avec sursis, pour les sensibilités occidentales), les autres saqués et la place nettoyée.

Si l’on sait nettoyer efficacement en Chine, on sait aussi construire efficacement pour le bien de la collectivité tout entière: un partenariat a été mis en place avec l’Union Européenne dès 2006, pour une coopération dans le domaine de la formation du personnel, du soutien technique et des échanges d’expériences, lors de la mise en place de systèmes d’assurance-vieillesse, d’assurance-maladie et d’assurance contre les accidents du travail. Des projets-pilotes ont été menés de façon satisfaisante à Beijing, ou dans les provinces du Jilin, du Sichuan, du Hunan et du Gansu. Sachant que le Sichuan compte déjà près de 90 millions d'habitants, cela montre l'ampleur de l'opération mise en place et ce qui précède plus haut, l'ambiance dans laquelle elle peut se dérouler.

mercredi 20 octobre 2010

Des Capétiens aux techniciens


Au sujet de Philippe II Auguste et de la naissance de la puissance publique:
     
"Alors que les Capétiens ne concevaient  l'unité du royaume que comme une somme féodale dont ils réclamaient la soumission mais non l'uniformisation, leurs légistes, "plus royalistes que le roi", s'acharneront à faire tout descendre du souverain et à tout faire remonter à lui, utilisant, avec une passion froide et une ténacité féroce, tous les arguments et arguties que le droit, existant ou reconstitué, mettait à leur service.
Au contraire de leurs prédécesseurs, ce n'est pas seulement l'appât du gain qui les motivait, mais une sorte de goût du pouvoir pour lui-même, de la jouissance et de la dignité qu'il procure, de l'ascension sociale qu'il permet.
Du XIIIe siècle date certainement cette bourgeoisie fonctionnaire, dévouée, adossée au pouvoir central auquel elle doit tout, qu'elle cherche constamment à renforcer et qui fait qu'en France bureaucrates puis technocrates ont pu souvent contrebalancer (tout en les servant en dernière analyse) les puissance d'argent." (*)

Plus loin, à propos de Philippe IV le Bel et de ses fils:

"Mais ils ont été fortement influencés par ces légistes, ancêtres de la grande bourgeoisie de service et de la noblesse ministérielle qui n'hésiterons pas, plus tard, à placer leur passion  du bien public avant leur dévouement personnel pour le prince chaque fois qu'il leur paraîtra impossible de l'y intégrer.
Rompus aux subtilités juridiques du droit romain (ce qui leur vaudra l'accusation d'être "retors" et "hypocrites" par les tenants de la coutume féodale), ils ont largement contribué à la diffusion  de la conception centralisatrice de l'Etat omniscient, omniprésent et indivisible, qui a profondément imprégné les mentalités et les pratiques de la France moderne." (*)

L'auteur de ces lignes ne se doutait pas, alors, qu'entre 1981 et 1993 il deviendrait deux fois ministre, deux fois ministre délégué, puis secrétaire d'Etat.

(*) Louis Maixandeau, "Les Capétiens", Editions Rencontre, 1969.

mardi 19 octobre 2010

  

Le plan quinquennal

 
"Le plan quinquennal est un document de planification économique gouvernemental fixant des objectifs de production, sur une période de cinq ans. Pour les États utilisant des plans quinquennaux, on parle d’économie planifiée. Initialement utilisé en URSS depuis le Ier Plan (1928-1932) jusqu'au XIIIe Plan (1991), le plan quinquennal est ensuite apparu dans d'autres pays communistes comme la République populaire de Chine (où il existe toujours). L'usage de plans quinquennaux, sous différentes formes, s’est aussi répandu dans les démocraties populaires et occidentales, dont la France, qui, via le Commissariat général du Plan, l'a utilisé jusqu’en 2005, ainsi que des pays comme le Canada ou le Maroc." (WIKIPEDIA)

Les axes du douzième plan chinois (2011-2015) ont récemment été adoptés et si l’on sait interpréter le langage administratif maltraité par la traduction, on peut voir se dessiner la tendance à moyen terme de l’évolution du pays; ainsi, quand le discours officiel parle de "construction d'une société modérément prospère", il faut comprendre: maîtriser une croissance utile à tous.

Orientation
- rappel que la Chine est au nombre des pays en voie de développement et que l’effort pour améliorer les conditions de vie d’une grande partie de la population (n’ayant pas jusqu’ici bénéficié des effets du boom économique) doit être poursuivi, de même qu’il convient d’assurer les acquis d’une classe moyenne en constante augmentation;
- développer un service public efficace adapté à la spécificité chinoise dans toutes les régions du pays (c’est très vaste, mais la notion de service public englobe généralement une grande variété de services : police, justice, finances publiques, administration, enseignement, santé, sécurité sociale, culture, assainissement, transports et énergie);
[note: ceci devrait exiger une plus grande centralisation ou une intervention accrue du pouvoir central allant de pair avec sa lutte contre la corruption]
- renforcer le système de sécurité sociale mis en place et accélérer la réforme du réseau de santé (là, c’est plus précis);
- créer des emplois et améliorer les conditions de travail des salariés, rééquilibrer globalement la distribution des revenus et améliorer la rémunération dans le secteur primaire (qui occupe 80% de la population);
- poursuite de la réforme du système et ouverture vers l’extérieur (ce qui signifie: continuation d'une démocratisation "à la chinoise" et développer l'expression de la Chine au sein des institutions et conférences internationales);
- amélioration des lois et règlements concernant la protection de l’environnement et les émissions de CO2;
- mesures économiques incitatives (prix, impôts et financement) pour la promotion des économies d’énergie;
- développer l’innovation scientifique et technique en direction des énergies renouvelables.

lundi 18 octobre 2010

jeudi 14 octobre 2010

Les Trois-Epis

                 
Umkehrt esch au g'fahre
(faire demi-tour c'est aussi rouler)
       
On fait le plein du Solex à la station de la Place Rapp. L’odeur entêtante des vapeurs d’essence précède l’ivresse du grand large dès la rue de Turckheim, où des monstres de ferraille vont dégager leurs fumées toxiques tout en nous frôlant de très près, kilomètre après kilomètre toujours plus déterminés à nous chasser de leur bitume.

Des kilomètres, on en a cinq devant le nez pour arriver à Turckheim. A une allure à plat proche de 33 km/h, on va donc parcourir cette route, mi-faubourienne, mi-maraîchère, dans le temps record de 10 minutes. Il y aurait aussi la possibilité de faire un détour par Ingersheim ou Wintzenheim, mais cela ne ferait qu’allonger le voyage d’au moins 4 kilomètres. Et la taille minuscule du réservoir n’incite pas aux dérives; après Turckheim, nous nous lançons dans une aventure que personne, à ma connaissance, n’a jamais tentée.

Vous situez Turckheim ? on passe devant l'usine électrique et l'ancienne papeterie, le cimetière et la gare, puis on franchit le pont sur la Fecht et on tourne a gauche devant la Porte de France. Nous ne sommes encore pas à mi-parcours et le quai interminable que nous suivons à de quoi faire vaciller nos ambitions; l’arrivée paraît s’éloigner à mesure que s’allonge la haie d’arbres bordant la rivière. A proximité d’un groupe de bâtiments industriels hors d’âge, et une fois passés les immeubles d'ouvriers aux briques pour le moins centenaires, les vignes réapparaissent, puis dévalent la colline et nous accompagnent jusqu’à l’entrée de la forêt.

Brigitte Bardot sur son Solex en 1971

Affronter cet autre univers demande de l’attention: chose sérieuse, les cinq kilomètres restants ont un dénivelé de 450 mètres et c’est dans ces conditions que le côté sportif du Solex exprime sa plénitude, car il a besoin de nos muscles. Il faut pédaler ferme pour éviter une apoplexie du moteur, en zigzaguant sur la route étroite, alors que quelques camions poitrinaires crachent des relents de diesel et des miasmes de klaxons aigres. La lutte est malsaine, le combat incertain. Gagner quelques mètres dans la douleur ou le repli dans une existence de vaincu...

Sabrant la réflexion dans son élan, l’arrivée au sommet frappe le solexiste de plein fouet, sans préparation, ni précaution. Il n’est pas encore à se demander s’il referait un jour la montée, qu’il est déjà entraîné à se décider sur ce qu’il va faire maintenant, à choisir une direction: la route c’est fait pour ça.

On est déjà venu aux Trois-Epis, "Station climatique" dans le style des années 50, avec quelques hôtels reconvertis en centres de soins et un pèlerinage à Notre-Dame-de-l'Annonciation. A l'écart, on se souvient qu'une statue du Christ de sept mètre domine la plaine d'Alsace et que l'on est venu avec d'autres, après une nuit festive, voir le soleil se lever depuis cette position wagnerienne.

Rentrer, plutôt, car la capacité réduite du réservoir d'essence incite à la modération. A gauche, la route descend doucement vers le pays welche, mais s'éloigne du raisonnable. C'est donc une plongée folle sur la route déserte de Niedermorschwihr qui achève l'expédition, dans l'euphorie et la libération des tensions qui avaient accompagné chaque tour de roue depuis Turckheim (où il existe maintenant un Musée du Solex...).
                     

Supplément gratuit: leçon de conduite sur Solex

mardi 12 octobre 2010

Mandchou chinois

    

Panneau placé sur un bâtiment de la Cité interdite et rédigé en écriture chinoise (Hanzi) avec équivalent en écriture mandchoue:

= Qian (? Qianlong empereur de 1735 à 1796 ?)
= Qing (dynastie d'origine mandchoue)
= porte (graphie ancienne)

lundi 11 octobre 2010

Les Jésuites sont chocolat

                                 
"Enfin, l'arrivée de la flottille couronna ce succès. Elle était riche de plus de soixante millions en or ou argent, et de douze millions de marchandises sans les fraudes et les pacotilles. J'avancerai à cette occasion le récit d'une aventure qui n'arriva que depuis que le roi d'Espagne fut à Madrid. En déchargeant les vaisseaux il se trouva huit grandes caisses de chocolat dont le dessus était: chocolat pour le très révérend père général de la compagnie de Jésus. Ces caisses pensèrent rompre les reins aux gens qui les déchargèrent et qui s'y mirent au double de ce qu'il fallait à les transporter à proportion de leur grandeur. L'extrême peine qu'ils y eurent encore avec ce renfort donna curiosité de savoir quelle en pouvait être la cause. Toutes les caisses arrivées dans les magasins de Cadix, ceux qui les régissaient en ouvrirent une entre eux et n'y trouvèrent que de grandes et grosses billes de chocolat, arrangées les unes sur les autres. Ils en prirent une dont la pesanteur les surprit, puis une deuxième et une troisième toujours également pesantes. Ils en rompirent une qui résista, mais le chocolat s'éclata, et ayant redoublé ils trouvèrent que c'étaient toutes billes d'or, revêtues d'un doigt d'épais de chocolat tout alentour; car, après cet essai, ils visitèrent au hasard le reste de la caisse et après toutes les autres. Ils en donnèrent avis à Madrid, où malgré le crédit de la société on s'en voulut donner le plaisir. On fit avertir les jésuites, mais en vain. Ces fins politiques se gardèrent bien de réclamer un chocolat si précieux; et ils aimèrent mieux le perdre que de l'avouer. Ils protestèrent donc d'injure qu'ils ne savaient ce que c'était, et ils y persévérèrent avec tant de fermeté et d'unanimité que l'or demeura au profit du roi, qui ne fut pas médiocre, et on en peut juger par le volume de huit grandes caisses de grandes et grosses billes solides d'or; et le chocolat qui les revêtait demeura à ceux qui avaient découvert la galanterie."

Mémoires de Louis de Rouvroy, duc de Saint-Simon
tome 3, chapitre V, édition Chéruel, 1856

vendredi 8 octobre 2010

Réponse

   
La phrase "je ne parle pas bien chinois" se traduit par:
 

soit: "wo de zhōng wén bú tài hǎo", donc la langue chinoise est communément appelée Zhongwen par ses locuteurs. On avance.

mercredi 6 octobre 2010

普通话 / Le Putonghua

  
Le Putonghua (langage commun) est langue officielle en République Populaire de Chine, Taïwan et Singapour. Elle est issue de la variante pékinoise du Mandarin, lui-même composé d’un mix de dialectes chinois parlés dans les provinces du nord, du centre et du sud-ouest du pays. Dans l’usage courant, Mandarin désigne en Occident la langue chinoise contemporaine, alors que pour les linguistes ce terme se réfère uniquement au groupe de langues dont elle fait partie.
D’autres groupes particuliers de langues existent également en Chine continentale, dont les plus importants sont le Wu, que l’on trouve dans la région «Nanjing-Shanghai-Hangzhou-Suzhou» (bien que le shanghaien, très répandu du fait de la taille gigantesque de la ville, ne soit qu’un patois), et le Cantonais dans la pointe sud, Hong Kong et Macau.
Depuis le XIVe siècle, des efforts constants sont faits pour mettre au point un langage susceptible de permettre au pouvoir central de communiquer avec son administration. La langue de la Cour et des Officiels (ces derniers appelés à tort Mandarins par les Portugais), s’est d’abord intitulée Guanhua, et subit l’influence du parler de Nanjing lorsque cette ville était capitale de l’Empire, puis ensuite de Beijing dont les standards de prononciation devinrent la norme. Ce qui n’évitait pas, encore au 19e siècle, la survivance de difficultés de communication entre l’Empereur et des fonctionnaires peu familiarisés avec les us et coutumes.
A l’établissement de la République de Chine, en 1912, la promotion d’un langage national commun s’intensifie, bien qu’une littérature en langues régionales continue de se développer parallèlement. En 1932, la Commission de standardisation publie "Le Vocabulaire de Prononciation Nationale pour l’Usage Quotidien".
La République Populaire de Chine est instituée en 1949: l’effort d’harmonisation est soutenu et, en 1955, le terme Putonghua (langage commun) vient remplacer celui de Guoyu (langue nationale) adopté par le Guomindang. Tout au long du XXe siècle, des mesures de simplification sont poursuivies, tant au niveau de la langue que de l’écriture (qui n’avait, elle, pratiquement pas changé depuis l'aube des siècles).
Le Putonghua à la mode de Beijing est marqué par l’accent des anciens quartiers mandchous de la capitale, où habitaient les membres des clans alliés à la dernière dynastie Qing (cavaliers nomades des steppes, proches des Mongols): chuintements fréquents ponctués de sons gutturaux et langue roulée pour les syllabes finales en "-er". Toutefois, chaque Chinois garde l’accent de sa région natale lorsqu’il s’exprime en Putonghua, même lorsqu’il est arrivé au sommet du pouvoir: les initiés identifient instantanément l’accent d’un Mao Zedong, d’un Zhu Enlai ou d’un Deng Xiaoping, sans parler de contemporains comme Hu Jintao et Wen Jiabao, ou même du dauphin Xi Jinping.
Pour les personnes peu sujettes à la migraine, j'ajouterai que, outre ce que l'on a vu plus haut, la langue chinoise peut prendre diverses dénominations dont la subtilité m'échappe encore: Zhongwen, Hanyu, Zhongguohua.

lundi 4 octobre 2010

La souris et l'éléphant

          
Une souris et un éléphant courent dans la savane. La souris se retourne et dit: "Tu as vu la poussière qu'on fait !" (conte africain à moralité chinoise).

vendredi 1 octobre 2010

阎罗王 / Yanluowang

   
Yanluowang est un ancien dieu chinois emprunté au bouddhisme, qui l'a lui-même récupéré de l'hindouisme où il est connu sous le nom de Yama: il a pour fonction redoutable d'être juge et gardien de l'enfer. Selon la tradition, l'enfer se cache sous une montagne, parfois appelée Fengdu (酆都) et parfois Mingshan (冥山), située au Sichuan dans la ville-préfecture de Ya'an. Je suis passé à côté sans le savoir, ouf !
Tout ceci pour en arriver au fait que ce personnage tient la liste des humains à convoquer au terme de leur existence, et que ceux-ci font tout pour échapper à son attention. Les Chinois sont superstitieux et c'est peut-être la raison pour laquelle ils tentent de compliquer la gestion du fichier, en étant très nombreux à porter le même nom. En Chine donc, il n'y a que 438 patronymes différents pour plus d'un milliard d'habitants et le plus courant, Zhang, est porté par près de cent millions de personnes. Il est donc très facile de dire: "c'est pas moi, c'est un autre Zhang".
Une autre embûche tendue au destin est à mettre en relation avec les anniversaires. Si l'on fête joyeusement les enfants et les jeunes adultes, vient un moment où il est préférable de faire oublier son âge par Yanluowang, tout occupé qu'il est à courir après ses clients. Répéter "bon anniversaire!", année après année pendant trop longtemps, va finir par attirer son attention et lui rappeler que l'on a suffisamment vécu.
Pour en revenir au temps présent, j'ai une bonne et une mauvaise nouvelle en ce qui concerne l'enfer. Si le Sichuan a beaucoup souffert du tremblement de terre de 2008, la région de Ya'an a été épargnée (point positif, parce que c'est un bel endroit), mais cela implique par conséquent (point négatif) que l'enfer existe toujours. Alors, évitez de me signaler à Yanluowang: cette fois-ci, il ne me ratera pas...

vendredi 24 septembre 2010

Vivre exactement, c'est quoi ?

   
Je ne sais pas si Robert Musil a eu connaissance de la conception bouddhiste de la Voie du Milieu, mais il écrit ce qui suit sur ce qu'il appelle "vivre exactement":

"On nous demandera  aujourd'hui ce que cela veut dire. La réponse serait sans doute que l'on peut se représenter l'oeuvre d'une vie réduite à trois traités, mais aussi bien à trois poèmes ou à trois actions dans lesquelles le pouvoir personnel de création serait poussé à son comble. Ce qui voudrait dire à peu près:
- se taire quand on a rien à dire,
- ne faire que le strict nécessaire quand on n'a pas de  projets particuliers et, chose essentielle,
- rester indifférent quand on n'a pas le sentiment indescriptible d'être emporté, bras grands ouverts, et soulevé par une vague de la création !
On remarquera que la plus grande part de notre vie psychique serait dès lors interrompue, mais peut-être le mal ne serait-il pas si grand."(*)

(*) "L'homme sans qualités", Tome 1, traduction de Philippe Jaccottet, Editions du Seuil, 1956 &1995

Pompe & Cérémonial à Chengdu

   
Réception par Liu Qibao (Secrétaire du Comité provincial du Parti communiste chinois pour le Sichuan), le 7 août 2008, de Gloria Macapagal-Arroyo (alors Présidente des Philippines).



Réception par les dirigeants de la Province du Sichuan, le 27 mai 2009, d'un groupe d'individus suspectés d'intelligence avec la Chine (le deuxième à partir de la gauche est à surveiller en priorité).

jeudi 23 septembre 2010

Critique littéraire & philosophique

   
"Eckhart Tolle est un écrivain canadien anglais d'origine allemande (né en 1948) habitant Vancouver et qui prône la valeur spirituelle de l'attention. Il est l'auteur du Pouvoir du moment présent paru en 1999 qui est devenu un best seller international, traduit en 33 langues en particulier après qu'Oprah Winfrey en a fait la publicité dans son magazine . Il a ensuite été décliné en cartes, exercices pratiques et vidéos." (Wikipedia)

En dehors de l'exploit d'avoir mon âge et d'être toujours en vie, Monsieur Tolle fait un malheur dans l'édition: traduit en 33 langues donc, ce qui doit vraisemblablement pousser la vente à plusieurs millions d'exemplaires. Et pour raconter quoi (j'ai parcouru l'ouvrage à la Poste en attendant mon tour et j'ai vite fait le sien), je vous le demande ? 
Ce que l'on trouve gratuitement sur ce blog dans les messages publiés entre le 16 et le 19 mars 2010 ("Les 4 nobles Vérités") et le 31 mars 2010 ("La Voie du Milieu par l'Octuple Noble Sentier").  Même s'il faut y ajouter un minimum de réflexion pour en acquérir les principes, ce que j'ai voulu communiquer est accessible sans les commentaires et anecdotes personnelles de Monsieur Tolle. Le Bouddha n'a pas été plus bavard. 
J'ai encore une fois échappé au pouvoir de l'argent: mais je ne sais pas s'il faut m'en réjouir ou me plaindre....