Au sujet de Philippe II Auguste et de la naissance de la puissance publique:
"Alors que les Capétiens ne concevaient l'unité du royaume que comme une somme féodale dont ils réclamaient la soumission mais non l'uniformisation, leurs légistes, "plus royalistes que le roi", s'acharneront à faire tout descendre du souverain et à tout faire remonter à lui, utilisant, avec une passion froide et une ténacité féroce, tous les arguments et arguties que le droit, existant ou reconstitué, mettait à leur service.
Au contraire de leurs prédécesseurs, ce n'est pas seulement l'appât du gain qui les motivait, mais une sorte de goût du pouvoir pour lui-même, de la jouissance et de la dignité qu'il procure, de l'ascension sociale qu'il permet.
Du XIIIe siècle date certainement cette bourgeoisie fonctionnaire, dévouée, adossée au pouvoir central auquel elle doit tout, qu'elle cherche constamment à renforcer et qui fait qu'en France bureaucrates puis technocrates ont pu souvent contrebalancer (tout en les servant en dernière analyse) les puissance d'argent." (*)
Plus loin, à propos de Philippe IV le Bel et de ses fils:
"Mais ils ont été fortement influencés par ces légistes, ancêtres de la grande bourgeoisie de service et de la noblesse ministérielle qui n'hésiterons pas, plus tard, à placer leur passion du bien public avant leur dévouement personnel pour le prince chaque fois qu'il leur paraîtra impossible de l'y intégrer.
Rompus aux subtilités juridiques du droit romain (ce qui leur vaudra l'accusation d'être "retors" et "hypocrites" par les tenants de la coutume féodale), ils ont largement contribué à la diffusion de la conception centralisatrice de l'Etat omniscient, omniprésent et indivisible, qui a profondément imprégné les mentalités et les pratiques de la France moderne." (*)
L'auteur de ces lignes ne se doutait pas, alors, qu'entre 1981 et 1993 il deviendrait deux fois ministre, deux fois ministre délégué, puis secrétaire d'Etat.
Plus loin, à propos de Philippe IV le Bel et de ses fils:
"Mais ils ont été fortement influencés par ces légistes, ancêtres de la grande bourgeoisie de service et de la noblesse ministérielle qui n'hésiterons pas, plus tard, à placer leur passion du bien public avant leur dévouement personnel pour le prince chaque fois qu'il leur paraîtra impossible de l'y intégrer.
Rompus aux subtilités juridiques du droit romain (ce qui leur vaudra l'accusation d'être "retors" et "hypocrites" par les tenants de la coutume féodale), ils ont largement contribué à la diffusion de la conception centralisatrice de l'Etat omniscient, omniprésent et indivisible, qui a profondément imprégné les mentalités et les pratiques de la France moderne." (*)
L'auteur de ces lignes ne se doutait pas, alors, qu'entre 1981 et 1993 il deviendrait deux fois ministre, deux fois ministre délégué, puis secrétaire d'Etat.
(*) Louis Maixandeau, "Les Capétiens", Editions Rencontre, 1969.
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