lundi 30 août 2010

Trois haïkus mélancoliques

 
Flocons sur le square,
Font tomber les dernières feuilles.
Plus de cris d’enfants.
_____________________________
  
Les nouvelles du soir :
Cris de femmes et pleurs d’enfants;
En moi cette douleur...
_____________________________
    
La plainte des corbeaux
Sur la campagne enneigée;
Le vent seul répond.
 

mardi 24 août 2010

 

OPUS MIXTUM (xiv)

 
Quatorzième chapitre: Fou C8 prend Tour H3

Suite au fiasco de l’expérience, le Comité directeur a pris la décision de ne pas publier de compte rendu pour les motifs suivants:
● l’animateur était convaincu d’être en présence d’une personne connue et, pendant l’entretien, ils n’ont fait qu’évoquer des souvenirs communs;
● chaque observateur présent a sa propre interprétation de l’événement et aucun témoignage concordant n’a pu être relevé;
● dans ces circonstances, la diffusion d’un rapport hétéroclite aurait pour conséquence de mettre notre réputation de rigueur scientifique en péril.
Très sage en effet. Mais de mon point de vue, il faudrait soulever l’éventualité d’être en présence d’un robot doté de pouvoirs psychiques. Il me paraît aussi très judicieux de relire tout ce que Isaac Asimov a écrit sur le sujet.
Foncer droit vers l’inconnu est encore la meilleure façon de rebondir après une expérience déstabilisante. Mais si l’aventure dans laquelle nous somme engagés nous prépare d’autres pièges aussi redoutables, c’est que l’inconnu est particulièrement rusé.

lundi 23 août 2010

 

OPUS MIXTUM (xiii)

  
Treizième chapitre : la femme est l’avenir de l’homme et réciproquement

Si la fréquence des rapports écrits n’a pas suivi la périodicité convenue, c’est qu’un événement bouleversant est survenu, m’enlevant toute capacité à décrire ce qui s’est réellement passé le jour de la présentation de N2F2L2. J’ai de la peine, une fois les images dissipées, à pouvoir faire partager de la façon la plus neutre la densité du phénomène dans lequel, je crois, nous fûmes tous plongés. Le groupe d’experts internationaux appelées à évaluer, à définir, au mieux à comprendre….
...pour résumer, notre tâche est indéfinissable et aucune consigne n’est parvenu à en préciser les tâches ou les buts : nous sommes placés sans précaution devant des faits bruts et nous produisons des concepts qu’il faut répertorier, classifier et comparer entre eux ou par rapport à des repères fixes.
Je reprends : groupés devant l’écran de la salle de conférence, nous nous attendions à une transmission en direct d’un entretien (c’est le terme le plus conventionnel) avec la seule créature vivante d’apparence humaine retrouvée dans le vaisseau interplanétaire intercepté dans le système solaire. Quand l’écran s’alluma et que les regards se concentrèrent sur l’image de deux personnes en conversation dans un lieu situé à l’intérieur même de la station-hôpital, un même souffle s’échappa à l’unisson des spectateurs. Dans mon souvenir, toute référence à une niveau de conscience éveillé s’évanouit et je succombai au pouvoir d’attraction de cette vision : la personne au centre de tous les intérêts, avait l’apparence exacte de la femme à laquelle je dédiais quelques lignes au ton intimiste en avant-propos de la présente série de rapports d’activité…
Je suis incapable de dire en quelle langue s’est déroulé l’entretien et de répéter ce qui a été dit: il faut malheureusement attendre la diffusion d’un compte rendu. Par contre, je me souviens qu’à la fin de la séance, un silence sidéral régnait sur l’auditoire et que le participants mirent quelques minutes de trop à se lever et à se diriger vers la sortie en une procession de zombies hésitants. Une fois retombé dans la réalité brute des coursives animées de la station, quelques échanges verbaux purent se faire, après un démarrage toutefois laborieux; mais cela ne fit qu’ajouter à la confusion.
Selon le Pr Zhu, anthropologue de Shanghaï, la femme qu’il a vue avait les yeux bridés et les pommettes saillantes du groupe ethnique mongole. A la même question, le Dr Bergman de l’institut médico-légal de Göteborg dépeignait une physionomie caractéristique de Laponie. Profondément atteint par ce qui était à considérer, sur le moment, comme une hallucination collective ou une brochette de délires érotomaniaques, je battis en retraite dans mon coin de cabine pour m’isoler plusieurs heures durant. Je veillais longtemps dans une obscurité réparatrice, lorsque l’idée de demander à une femme de l’équipe ce qu’elle avait bien pu voir, surnagea dans les remous clapotant sous mon crâne. Le sommeil mit heureusement fin au sujet avant que la question ne devienne lancinante.

lundi 16 août 2010

Le génie du lieu sous ses diverses apparences

 
  
                                    

OPUS MIXTUM (xii)

 
Douzième chapitre : où l’on évoque les OVNIS de façon moins sceptique

En marge des théories rationnelles qui circulent chez les scientifiques dits classiques, je suis porté à me retourner sur une ribambelle de faits hérétiques relevés en différents endroits de mes lectures.
En tout premier lieu chez Charles Fort (1874-1932), j’ai noté que de 1902 à 1903, des centaines de millions de tonnes de matière pulvérulente sont tombés en Australie, sur les Océans Atlantique et Pacifique, ainsi qu’en Europe, de l’Angleterre à la Russie, sans que l’on puisse lui attribuer une origine saharienne ou volcanique. A sa manière, Fort propose: "Je pense pour ma part qu’en 1903, nous avons traversé les restes d’un monde pulvérisé, laissé pour compte d’une antique querelle interplanétaire et boudant depuis au travers de l’espace comme une rancune rouge". Laissons-lui la fioriture des détails, mais dans l’ensemble, je ne suis pas loin de le suivre et de compléter ainsi: nous devons peut-être au Vaisseau Fantôme d’avoir échappé à une extermination massive, selon le scénario de ce qui s’est passé à la fin du Crétacé et révélé par la découverte du cratère de Chicxulub, au Yucatan.
A part ça et avec la méticulosité d’un greffier de l’étrange, Fort donne dix-huit dates comprises entre 1652 et 1887, pour lesquelles plusieurs sources signalent la chute, à la manière des météores, de matières les plus invraisemblables en Europe en Inde et aux Etats-Unis: végétaux gelés, poudres diverses, fibres de toutes natures, flocons ou lambeaux d’origine inconnue; des substances grasses, huileuses, incandescentes, bitumeuses, résineuses, etc. Mais il met cette pluie de déchets sur le compte d’une "super-mer des Sargasse suspendue au-dessus de la surface terrestre, où la gravitation n’opère pas, et qui n’est pas régie par le carré de la distance, tout comme le magnétisme est négligeable à très courte distance d’un aimant". Cette théorie a le charme suranné d’une époque encore fortement liée à la nature, mais plus loin, je trouve les éléments susceptibles de la raccrocher à une réalité nouvelle: "détritus, vieilles cargaisons des naufrages interplanétaires, objets rejetés dans ce que l’on nomme espace par les convulsions des planètes voisines,…". J’abrège la citation pour en limiter les excès lyriques, mais c’est bien là qu’une passerelle existe avec ce que nous connaissons actuellement: s’agissait-il d’ordures provenant du délestage intentionnel ou accidentel des soutes d’un ou de plusieurs navires interplanétaires?
Charles Fort soulève encore l’énigme posée par la découverte d’objets manufacturés, comme des pierres taillées, des sphères métalliques, des cubes d’aciers, des tablettes portant des signes proches de différents types d’écritures connues ou inconnues, et ceci à des profondeurs telles qu’ils n’auraient jamais pu y être déposés, s’il n’y avaient été enfouis par les bouleversements de terrain qui se sont succédé au cours des âges géologiques. Que dire encore des anachronismes relevés lors de fouilles archéologiques, à la découverte d’objets postérieurs de plusieurs millénaires à l’âge du site visité? Que les visiteurs venus d’ailleurs se montrent aussi négligents que le touriste laissant traîner une cannette de bière au Machu Pichu…
Pour en revenir aux engins spatiaux, les Archives nationales britanniques ont rendu publics, au cours du XXe siècle, des centaines de documents militaires déclassés se rapportant à l’observation d’objets inconnus ou de phénomènes inexplicables. Un témoin rapporte l’apparition de l’un d’eux d’une taille comparable à "vingt terrains de football", ce qui nous renvoie de façon troublante à quelque chose de familier.
Le professeur Wang, de l’Observatoire astronomique de Zijinshan de l’Académie des Sciences de Chine, a étudié le sujet pendant trente-neuf ans et tire la conclusion que l’on a souvent affaire à des supercheries ou à des observations de missiles, de satellites ou de météorites. Par contre, tous les cas ne sont pas explicables et il a particulièrement observé des formations en forme de spirales, évoluant à une distance de 650 à 1'460 km de la Terre et à une vitesse inférieure à la première vitesse cosmique de 7.9 km/seconde. Il mentionne aussi que "les apparition les plus importantes d’OVNIS ont tendance à arriver lors des années se terminant en 1,2 ou 7". En mettant en relation les dates des phénomènes relatés par Charles Fort et cette dernière observation du Professeur Wang, on constate que le coefficient de corrélation est trop faible pour en déduire quoi que ce soit (mais il n’est pas négatif ou égal à zéro…).
___________________________
  
P.-S.: après réflexion, je souhaiterais que toute cette section ne soit pas diffusée au cercle le plus large de lecteurs, de façon à ne pas jeter un trouble supplémentaire, et combien malvenu, dans la communauté des experts en place.