lundi 1 mars 2010
Les Quatre Saisons d'Antonio Vermeer
Et les berges de guingois des canaux d’Amsterdam : le canard et sa compagne fuyant notre approche en sautant à l’eau glauque, insensibles à l’humidité qui enveloppe tout et que les ventres ronds et noirs des nuages sont appelés à pérenniser, saison après saison.
Ce vent étourdissant du bord de mer ; cette bande de sable que le fascinant mouvement des vagues compacte inlassablement en vue de favoriser la procession des promeneurs hébétés par la vigueur des éléments, un dimanche d’hiver à Zandvoort, à Scheveningen ou à Hoek van Holland.
Une chambre sous le toit pentu à Schiedam, où l’on se réveille confiant un samedi de printemps avec le fond sonore d’une foule bavarde passant d’échoppe en boutique sous la fenêtre, dominé de temps en temps par la cadence martiale d’un orgue évoquant une débauche de vaisselle brisée. Fenêtre ouverte la veille au soir pour ne laisser entrer que le carillon du clocher et l’écho des pas ricochant aux murs des rues étroites.
Le travail du peuple artiste ayant dessiné ce pays, révélé kilomètre après kilomètre sous le ciel immaculé de fin juin, quand nos bicyclettes, après avoir quitté la piste serpentant entre des dunes sans fin, se sont mises à planer – pour ne pas déranger - au-dessus d’un tableau de maître où la gare de Vogelenzang est le nombril d’un monde peuplé de villages de poupées et de vaches miniatures.
Et cet ancien moulin où l’on avale des moules par kilo, ou encore l’auberge basse de plafond où je voulais te faire découvrir la saveur insolite des crêpes au lard et à la mélasse. Tout comme la tarte au pommes nappée de chantilly, qui attend son prédateur au fond du bois de Groenendaal, passé en orange pour quelques jours, dans une charmante bâtisse du XVIIIe où l’on a allumé la cheminée.
Tu ne le verras jamais. Mais on ne doit pas le regretter : là où nous allons, tu as tellement de souvenirs bons ou amers à retrouver, que ceux-ci vont submerger l’espace réservé aux émotions que je souhaitais te faire partager.
Je crois que c’est très bien comme ça.
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