mardi 9 mars 2010

El Camino Real

   
Plusieurs heures déjà que la voiture est engagée sur la route côtière, sans possibilité de rejoindre l’autoroute qui pointe son nez droit au sud, à l’intérieur des terres mais à des miles de l’excitation d’un voyage hasardeux. Imaginons maintenant que nous sommes l'après-midi d'une journée de fin novembre.
Là où nous naviguons, un grain se prépare : les vagues creusent toujours plus profondément un océan qui nous fait grise mine, des bouffées de vapeur sorties de canyons latéraux enveloppent de grandes portions du paysage. Entre bruine et crachin, la condensation se déverse avec largesse sur le pare-brise et laisse entrevoir des fantômes de décor californien : forêt de redwoods et cabanes en planches accrochées à la colline.
Quand la végétation diminue, c’est le signe plutôt mauvais que la route va aborder une zone de falaises, où la voiture va être exposée aux dérapages sous l’effet du vent et de la pluie, alors qu’en contrebas, des vagues rugissantes réclament leur proie en bondissant.
L’expérience ne touche pas encore à son terme. La nuit tombe, Kiki dort - elle dort toujours en  voiture - et c'est préférable. De nombreuses causes de palpitations sont encore à redouter avant d’arriver à Santa Barbara, par le curieusement nommé "El Camino Real". Dantesque : mais pour rêver d’union intime avec l’âme de la nature, on ne peut pas souhaiter dépucelage plus réaliste.

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