mardi 23 mars 2010

Richard-Toll 35 ans après

                                                                                              


L’image par satellite du 2 octobre 2005 contraste fortement avec le souvenir que j’avais gardé de l’endroit. C’est surtout l’extension de la surface de canne à sucre qui frappe au premier regard. D’ouest en est, soit de Rosso à Dagana, et jusqu’au Lac de Guiers au sud, la verdure occupe maintenant le tiers d’un rectangle de 30 km sur 15, ce qui correspond à environ 15'000 hectares. Ce déploiement du casier s’accompagne d’un important développement du réseau d'irrigation. Deux canaux de grande taille ont été creusés pour augmenter vraisemblablement le débit de la Taouey, chargée, elle, d’alimenter le Lac de Guiers aux périodes où les eaux du fleuve Sénégal sont les plus abondantes. On demande alors au lac, en période de faibles eaux, de restituer son contenu aux cultures. La portion nouvelle, bordant le fleuve à droite de la photo, était autrefois inondable et mise en cultures potagères par les villageois après le retrait des eaux. Le retour des pluies de 1975 avait également permis le retour à des récoltes normales et, par voie de conséquence, la prolifération des rongeurs. Je me suis aventuré un jour imprudemment sur ce terrain, pour constater que tiges et feuilles étaient agitées de tremblements sans qu'il y ait trace de vent: il s'agissait simplement d'une population de plusieurs milliers de rats bruns en train de festoyer.
L’urbanisation s’est étendue dans toutes les directions disponibles : principalement vers Rhouma (qui s’écrivait autrefois Khouma et dont le terrain désertique a été le point de chute d’une foule de réfugiés lors de la sécheresse de 1967-74) et au sud d’une nouvelle route tracée entre la piste de la Taouey et la route de Dagana, à son croisement avec la piste menant à un plan à sol dur dégagé de cailloux et baptisé "aéroport". Un DC-3 s'y posait parfois, quand toutes les conditions favorables à la survie des passagers et de l'équipage étaient réunies. C’est à ce carrefour, sur une colline, que se situe la "cité" des expatriés, maintenant presque enfouie dans une végétation qui n’existait pas il y a 35 ans (alors que le soleil tapait aussi dur). C’est très précisément dans le bâtiment au bord sud de la piscine et dans celui qui le suit à droite, que j’ai connu les vertiges des dimanches sans but et que j’ai entamé une abondante correspondance qui devait se poursuivre d’un siècle à l’autre au sein de la blogosphère.

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