lundi 8 février 2010

Le paradoxe du Camarade


同志们, 你们好! (*)
  
Ce salut martial, inscrit dans la légende d’une portion de leur histoire, sort graduellement de la vie des Chinois, tout comme une image de film s’efface de la rétine dès qu’elle n’est plus répétée un nombre suffisant de fois. Quelle vanité peut résister au temps, alors que celle qui entourait cette formule d’un maillage logique à toute épreuve, ambitionnait de faire bouger la planète de son axe immuable ?
  
  
Il existe chez ce peuple une faculté plus flexible que la résilience, lui permettant de surmonter les calamités à la manière de ces herbes de prairie qui se redressent dans la trace des pas qui les écrasent. Soumis depuis des siècles à des régimes dont la rigidité a eu pour seul mérite de maintenir la cohésion nationale, il s’est forgé la croyance en l’immutabilité des choses, tout en favorisant l’éclosion d’une pensée où l’irrationnel prépare sans surprise à l’inconcevable.
Le paradoxe est le terreau fertile d’une Chine qui ne finira jamais d’étonner ceux qui en sont tenus éloignés par l’inertie de leurs convictions. De même qu’elle a fini par absorber les peuples venus l’envahir, il faut se laisser couler dans cette masse gigantesque pour trouver les courants porteurs qui vont en révéler le sens.
Alors, après tout, pourquoi pas un ultime :
   
同志们, 你们好! (*)
                
(*)"Tóngzhìmen, nĩmen hão !": "Camarades, bonjour !". 

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