vendredi 2 juillet 2010

OPUS MIXTUM (vii)

 
Chapitre (court) en forme de digression: les voies de la Voie sont-elles impénétrables?
    
D'entretiens en tours de tables, sans omettre les brainstormings, rares furent les occasions d'arriver à une unanimité de point de vue ou même à un consensus parmi les chercheurs, chacun restant prisonnier des croyances de son domaine. Dans les mondes habités, planètes naturelles ou artificielles, le manque d'informations rassurantes sur l'origine et le but du fantôme silencieux que nous étions en train d'examiner,  provoquaient des tensions dans la population, que les médias s'empressaient d'attiser. Par chance pour moi, employé de l'Agence Spatiale Nationale Chinoise, une citation de Zhuangzi dans un rapport permettait d'exprimer ce que le vide des journées à débattre sans parvenir à une conclusion, laissait ressentir d'inutilité et d'incompétence.
Je me souviens particulièrement de cette seule formule envoyée à Beijing après une journée particulièrement pénible, et que quelqu'un avait trouvée digne de faire figurer au panneau d'affichage:
"Lorsque nous argumentons,
si tu gagnes et si je ne gagne pas, as-tu raison et ai-je tort?
Si je gagne et si tu ne gagnes pas, ai-je raison et as-tu tort?
Avons-nous raison? Avons-nous tort?
Puisque nous ne pouvons savoir qui de nous a raison,
un tiers sera sans doute plongé dans les ténèbres.
Qui donnerait un avis juste?
Une personne de ton avis ne peut, de ce fait donner un avis juste.
Une personne de mon avis ne peut, de ce fait donner un avis juste.
Une personne d'un troisième avis ne peut, de ce fait, donner un avis juste.
C'est ainsi que ni toi, ni moi, ni un tiers ne peut savoir qui de nous a raison.
Allons-nous faire appel à quelqu'un d'autre?"

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