mercredi 27 janvier 2010

Les libations de Li Bai

         
     花間一壺酒
    獨酌無相親
    舉杯邀明月
    對影成三人
    月既不解飲
    影徒隨我身
    暫伴月將影
    行樂須及春
    我歌月徘徊
    我舞影零亂
    醒時同交歡
    永結無情遊
    相期邈雲漢
  
 Seul, je me verse à boire, faute de compagnon,
Je lève ma coupe et invite la lune et, avec mon ombre,
nous voici trois.
Mais la lune ne sait pas boire. Et mon ombre ne fait
que me suivre.
Pour l’instant, que la lune et mon ombre m’accompagnent ;
Quand on veut son plaisir, il faut profiter des moments.
Je chante, mais la lune hésite à s’avancer.
Je danse, mais mon ombre ne fait que s’agiter en désordre.
Quand je suis éveillé, nous réjouissons à l’unisson,
Mais l’ivresse passée, nous nous séparons.
Pour toujours liés ensemble, nous errons sans sentiment,
Et prenons rendez-vous, loin, sur la Voie Lactée.
Jacques Pimpaneau, in: Jacques Pimpaneau, Célébration de l’ivresse, Arles, 2000.

Parmi les fleurs un pot de vin :
Je bois tout seul sans un ami.
Levant ma coupe, je convie le clair de lune ;
Voici mon ombre devant moi : nous sommes trois.
La lune, hélas, ne sait pas boire ;
Et l’ombre en vain me suit.
Compagnes d’un instant, ô vous, la lune et l’ombre !
Par de joyeux ébats, faisons fête au printemps !
Quand je chante, la lune indolente musarde ;
Quand je danse, mon ombre égarée se déforme.
Tant que nous veillerons, ensemble égayons-nous ;
Et, l’ivresse venue, que chacun s’en retourne.
Que dure à tout jamais notre liaison sans âme :
Retrouvons-nous sur la lointaine Voie Lactée !
Tch’en Yen-hia et Jean-Pierre Diény, in: Paul Demiéville, Anthologie de la poésie chinoise classique, Paris, 1999; p. 252.

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